Boulimie

Ne rien comprendre à son époque serait une maladie qui rend idiot... Ma mélancolie déseoeuvrée s'en tient à cette hébétude quant aux choses qui, comme on dit, se passent dehors... Je déchiffre l'envers des nouvelles sr le journal.. Le vide passe l'éponge sur les ardoises du réel...J'enfile, fausses perles, ces poncifs sur notre morosité de nantis fragilisés par la crise..Mal à l'aise dans cette parenthèse où tout va de traviole.. Une mère raconte à la radio comment elle est devenue voleuse de viande... Il y a comme un manque dont personne ne pourrait rien dire...Aucun cap, en Europe, sur la boussole des désirs.. A chaque élection un fascisme tranquille redonne des couleurs à l'abjection... La mémoire déterre des charniers où la Mort était rouge et brune.. Les totalitarismes empestent notre héritage.. Pas un regret.. comme le chaos de nos vies, l'Histoire aussi n'est que chocs sans suite..

Ne rien comprendre à son époque n'a sans doute aucune importance.. Trop de boue dans nos yeux pour voir ces êtres dont on devine..C'est de ton vivant que j'aurais du te dire pardon.. Pardon de cacher ainsi mon coeur sous cette graisse d'égoïsme dont la carapace habitue l'amour à ne plus bouger... Pardon d'avoir demeurer enfermé dans ce labyrinthe de miroirs et de neiges gelés où des fantômes noircissent l'aurore; fascinent un ancien enfant  depuis trop longtemps perdu de vue..c'est en marchant dans la rue, en croisant ces vieux avec leur visage de pelotes dévidées qe j'ai le désir de te dire pardon..Un jour d'entre nos jours en trop, il faudrait que je prenne la voiture et que je vienne seul et ivre  de vin perdu, et que oui, je te demande pardon..